E x t i m e (journal)

mardi 20 juin 2017

Cachette

" Chacun transporte avec lui sa petite cachette personnelle. (Elle se matérialise à travers la collection de cartes contenues dans nos portefeuilles, généralement rangés dans la poche intérieure d’un blouson, la poche arrière d’un jean ou encore au fond à droite d’un sac à main.). Notre état-civil s’est infiltré en nous, il a fini par nous constituer, remplaçant notre singularité qui reste subtile. 

Il faut que l’architecture remplace cette petite cachette que nous portons en nous, qu’elle prenne le relais, qu’elle nous en libère en la matérialisant en dehors de nous. Penser l’architecture en terme de cachette, non pas pour développer un individualisme idiot, mais pour provoquer l’éveil des singularités (celles dont parle Guattari *), pour nous soulager de ce rôle que nous jouons et rejouons en société. Faire de l’architecture une cachette,  c’est fabriquer un cadre qui contienne un temps libéré de celui que nous vivons en société. C’est fabriquer un temps libre, qui dénoue les langues, les corps et les esprits.
C’est ce temps qui permet d’asseoir sa singularité, qui doit même provoquer son développement, dans un processus actif. Et ce à l’échelle de l’individu comme du groupe. Provoquer, c’est de ça qu’il s’agit. Ce terme ne veut pas dire faire violence. Il n’a aucune connotation subversive. Simplement il rappelle à l’ordre cet être-artiste qui se trouve en chacun mais qui bien souvent sommeille. L’architecture fabrique ce temps, propice à l’émergence d’une initialité. Cette nouveauté ne peut surgir que de l’indéfini, du non reconnaissable. Le temps qui trouve sa qualité à travers le vide que l’architecture offre à habiter se doit d’être flou. Comme une sorte de substrat immatériel dans lequel se développent nos pensées et nous-même.
Ce qui  ne veut pas dire que ce vide n’a pas de forme. Mais plutôt que sa forme ne correspond à aucune de nos catégories préexistantes (ni abstrait, ni figuratif). L’objet qu’il « représente » est vu à la fois pour lui-même et pour ce que l’on y « reconnaît ». Mais cette reconnaissance n’est pas franche.
Elle n’est pas de l’ordre de l’établissement d’un rapport avec une classe ou une famille d’objet.
Cette « reconnaissance » se renouvelle en permanence. C’est une vraie création. Un nouveau rapport est établi à chaque regard.

La nature de l’espace qu’offre l’architecture devrait être de cet ordre. Le vide qu’on habite devrait véhiculer cette part d’inconnu, qui seule permet l’émergence d’une initialité, qui est une solution à d’élaboration des processus de construction de singularités. Est-ce à dire qu’il faille une architecture floue (au sens d’informe) ? Ne peut-on créer un vide informe à habiter, à vivre qu’à condition d’effacer les contours de la forme architecturale ? La fragmentation (des contours, des délimitations) peut-elle être considérée comme une forme de flou architectural ?

* GUATTARI Félix, Les trois écologies, Gallilée, juin 1989. "


lundi 27 février 2017

Bambou




Micro logements de transition à Honk-Kong, Japon
par l'agence d'architecture Affect-t


Micro- logements construits en bambou, matériau durable et peu coûteux en Asie, posés à l'intérieur d'espaces industriels délaissés et vides.




lundi 20 février 2017

L'enchantement attendu

« Je travaille à créer, en architecture, une situation dans laquelle la construction pourra se réaliser d’une autre façon et produire de l’inattendu, donc de l’enchantement »

Patrick Bouchain, architecte

dimanche 29 janvier 2017

En marge du programme, l'essen-ce / tiel

“L’apport de l’architecte se situe justement dans l’intuition de ce qui n’est pas prévisible par un programme“ …/… “Etre assis quelque part, attendre, s’arrêter, parler à quelqu’un, lire une lettre, écouter, observer. Cela n’est jamais programmé. C’est pourquoi je pense que l’architecte ne doit pas se borner à suivre la commande, il doit rechercher les espaces de liberté.“

Jacques Ripault, architecte (1953-2015)

dimanche 22 janvier 2017

Anagramme



NTERVIEW - La langue française regorge de mille et un trésors littéraires. L'auteur Jacques Perry-Salkow et le philosophe Raphaël Enthoven en ont exhumé quelques-uns dans un ouvrage sur les anagrammes, 
Anagrammes pour lire dans les pensées. Un recueil renversant qui repousse les limites de l'oeil et l'esprit.


C'est un éloge de la spontanéité ou mieux encore une célébration de l'ordinaire. L'anagramme n'est pas seulement un jeu, une macédoine de lettres ou des mots-croisés dans le journal. Elle est une aventure, un millier d'histoires, une dioptrique capable de redonner vie aux objets inanimés que le quotidien a tués.

Muraille, chose, silence... les lettres se construisent et se déconstruisent au fil de notre regard. En un instant, leur sort devient une affaire classée. Le sapin rejoint la case «arbre» et la rose son «herbier». La généralité aura fait fi de leur particularité.

Pourtant, derrière chaque objet se cache un événement et une infinité de chemins possibles. Raphaël Enthoven et Jacques Perry-Salkow ont tenté de fixer ce vertige et de plonger avec leur livre, Anagrammes pour lire dans les pensées, «à travers les mots, entre les mots, que l'on voit et que l'on entend». Une volonté légitime qui entend, selon le philosophe et animateur de radio, «redonner de la saveur» aux choses insipides et banales de l'existence.

LE FIGARO - Pourquoi un livre sur les anagrammes?

Raphaël Enthoven - C'est un heureux concours de circonstances. Jacques-Perry-Salkow avait déjà écrit des livres sur les anagrammes. Il voulait cette fois-ci en réaliser sur la philosophie. Il m'a donc envoyé un mail en m'exliquant que si j'acceptais de travailler avec lui «la matière» deviendrait «ma réalité». Nous sommes alors convenus d'un rendez-vous, pris un café pour parler de ces anagrammes et j'ai tout de suite été enchanté.

Que représentent-elles pour vous?

Les anagrammes sont un mélange de cabalisme et de miracle sans providence. On voit des lettres et soudain on découvre tout autre chose... D'un énoncé à son anagramme, il y a une infinité de chemins possibles. Le hasard de l'ordonnancement des lettres, crée une pensée. C'est vraiment une sorte de miracle.

Comment s'est passée votre collaboration avec Jacques Perry-Salkow et Chen Jian Hong ?

Jacques Perry-Salkow se chargeait des anagrammes. Je lui envoyais des propositions et inversement. Si je voyais une route s'éclairer, je l'empruntais et écrivais un texte. Il fallait que le chemin se fasse à moi. En ce qui concerne Jacques Perry, il est incroyable. Il est capable de fabriquer une anagramme en déplaçant seulement une ou deux lettres. Regardez «Paris est une fête» devenu «Et Paris est en feu». C'est prodigieux.

Ce livre est le fruit d'un an de propositions, de dessins - dont l'expressionnisme est fondamental - et de perles. Les textes sont de véritables appels au dessin. Aucun d'eux ne peut et ne doit se réduire à une signification.

Ce livre, à la façon d'un Ponge, semble redonner vie aux mots...

C'est une célébration de l'ordinaire, du miracle possible des choses banales. Aucun objet n'est inutile. En réalité, ce livre fonctionne comme «un exhausteur de goût». Ce ne sont pas juste des jeux - même si l'on s'est beaucoup amusé en réalisant ce recueil - et il n'est aucunement question d'ambitions mystiques. Nous avions envie, avec ce livre, de produire un effet de distorsion, de dire quelque chose de la chose elle-même, de redonner la saveur de quelque chose qui dure et qui tient en bouche.

Si vous deviez choisir une anagramme dans le livre, quelle serait-elle?

«L'espérance» qui devient «la présence». A contrario de l'espoir qui est un rapport à l'avenir, l'espérance est un élan. Il se suffit à lui-même. Je trouve ça intéressant de les voir reliés. Cela permet de penser l'espérance pour ce qu'elle est: un amour actif dans le monde.

En un mot, comment définiriez-vous votre livre?

C'est un kaléidoscope.


dimanche 15 janvier 2017

Se jeter au ciel ... s'envoler dans l'eau




“Ici n'existe qu'en fonction de là : si nous ne regardons pas en haut, nous ne saurons jamais ce qui se trouve en bas.” Paul Auster

mercredi 11 janvier 2017

Tant se dire en silence

“Heureux deux amis qui s'aiment assez pour (savoir) se taire ensemble.”


“Ceux qui se taisent, les seuls dont la parole compte.”


Charles Péguy

Devenir qui on est

" Quarante ans est un âge terrible. Car c'est l'âge où nous devenons ce que nous sommes. "


Charles Péguy



samedi 7 janvier 2017

It's a point of view


Joseph Egan


Comprendre quelque chose, a fortiori quelqu'un, dans son "entièreté", c'est parvenir à se placer dans la seule "situ-ation" possible et regarder dans la bonne direction.
Sans quoi, la compréhension même complète, n'est que fragmentaire, il manque le lien qui relie le tout à l'ensemble, de façon à le rendre cohérent.

Ou quand l'anamorphose illustre la complexité des relations humaines...

Cela dit, quand on pense avoir tout saisi,  ne serait qu'une illusion ... d'optique ?


Anis Kapoor







Anish Kapoor, Ascension (red), Guggenheim Museum, New York 

vendredi 6 janvier 2017