E x t i m e (journal)

mercredi 30 avril 2014

Pour l'art rencontre - entre(z) gens ordinaires ! ...


Ricochet de l'article "Lumière"

A 17 ans donc, je tentais de retrouver la qualité de lumière présente dans la jeune fille à la perle... 
La reproduction exacte de l'oeuvre n'était pas mon but premier fort heureusement, en tant que piètre faussaire débutante, et de toute façon, qui pourrait?  (égaler Vermeer) 
Non, en réalité, ce qui me fascinait et que je voulais retrouver, c'était cette qualité de lumière, cette lumière à la Vermeer ...

Pour ce qui est du travail de faussaire, on n'est pas tous des lumières, il faut bien le reconnaître...
sauf peut-être les surdoués, pour qui tout est élémentaire, comme le suggère Otto Karl, dont je détourne (eh!) ici le titre d'un de ses articles ... vidéo de faussaire justement... mais surdoué(e) celui-celle-là...

Donc merci à O.K. 




Photo d'une peinture réalisée en 1994 par L.

mardi 22 avril 2014

Chambre à part


« Par une froide journée d'hiver, un troupeau de porcs-épics s'était engagé serré pour se protéger mutuellement contre la gelée par leur propre chaleur. Mais tout aussitôt, ils ressentirent les atteintes de leurs piquants, ce qui les fit s'éloigner les uns des autres. Quand le besoin de se chauffer les eût rapprochés de nouveau, le même inconvénient se renouvela, de façon qu'ils étaient ballottés de ça et de là entre les deux souffrances. »
Arthur Schopenhauer



Alors ? chambre à part, non ?

lundi 21 avril 2014

Plan B








Extraits du spectacle de la compagnie 111, mis en scène par Aurélien Bory et Phil Soltanoff lors de leur passage au Quai à Angers


Et pour moi, un joli clin d'oeil à " Claude Parent "







Entretien avec Aurélien Bory
par Stéphane Boitel, réalisé pour le Journal du Théâtre Garonne, janvier 2003




Plan B ?

Aurélien Bory. – C’est une expression utilisée essentiellement dans les polars ou les films d’actions. On passe au plan B quand le plan A n’a pas marché. Tout cela me plaît énormément : bâtir un plan, en prévoir un de rechange, en sachant que si ce dernier échoue également, il n’y aura pas de “plan C”. Les personnages de Plan B sont dans cet état d’esprit, d’action, d’espoir, de fragilité. Seuls avec leurs plans…



Plan de masse ?

A. B. – Plan B est le deuxième spectacle d’une trilogie, qui met en rapport le jonglage et l’acrobatie avec des contraintes d’espace. Dans IJK, le travail sur le cube, sur le volume, avait révélé le rythme et la musicalité du jonglage et proposait de cette discipline une perception différente : au lieu de le donner à voir, de l’aborder par son côté visuel, nous proposions de l’entendre. Avec Plan B, c’est le plan que nous explorons. Ce qui place la scénographie au centre de notre travail. Cette géométrie particulière impose un certain rapport au mouvement et à l’acrobatie, en lien ténu avec les lois de la physique. Nous tentons de l’investir de la manière la plus large possible, et de percevoir quels rêves, quelles qualités, quels écueils se cachent derrière ce dialogue avec la gravité.



Plan-séquence ?

A. B. – La décomposition du mouvement nous renvoie au cinéma et à la photo, avec par exemple les travaux de Muybridge ou Marey – qui d’ailleurs se sont beaucoup intéressés à l’acrobatie. Pour le cinéma, je pourrais citer Méliès, qui a utilisé les artifices du cinéma au service de la magie et de l’illusion. Nous lui faisons un clin d’œil dans Plan B, à ceci près que chez nous l’artifice ne disparaît pas derrière l’illusion : à l’inverse, il s’agit même de mettre en évidence le dispositif, d’en souligner sa simplicité, la pauvreté des moyens techniques, pour ne retenir que son contenu poétique. Différents moments du spectacle sont inspirés du cinéma, citant par exemple Keaton, qui reste la référence de l’acteur, dans le sens où son travail a consisté à s’emparer de plusieurs pratiques artistiques. Cette démarche nous est chère : convoquer sur le plateau la musique, l’acrobatie, le jonglage et la danse, comme des moyens de mener à bien notre travail d’acteurs.



Plan d’attaque ?

A. B. – Concrètement, mon rôle a été de concevoir et d’imaginer les principaux axes de Plan B. Puis de réunir l'équipe artistique. J’ai alors eu l’idée de proposer la mise en scène à Phil Soltanoff, non habitué à ce type de projet. C’est un travail d’équipe. Les acteurs sont polyvalents. La lumière, le son sont très présents. Tous participent à la création à partir des contraintes de départ, principalement celles de la scénographie. Ce qui produit une matière artistique, sur laquelle s’appuie Phil Soltanoff pour développer la mise en scène.


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Entretien avec Phil Soltanoff
par Stéphane Boitel, réalisé pour le Journal du Théâtre Garonne, janvier 2003




Concernant votre travail avec mad dog, vous parlez volontiers de théâtre expérimental. Qu’entendez-vous par "expérimentation" ?

Phil Soltanoff - Le travail de John Cage est pour moi un puissant exemple de ce que peut être l’expérimentation, dans la façon dont l’espace et le temps sont articulés. Ses textes sont également une forte influence : y reprendre un des problèmes qu’il soulève et les solutions qu’il propose, et y trouver des équivalents théâtraux. Nos pièces sont bâties collectivement et ont pour point de départ le mouvement - notamment le mouvement improvisé - plutôt que le texte, qui est ajouté dans la construction globale. De ces improvisations nous retenons les éléments que nous préférons. Ce que nous faisons finalement, c’est collecter des fragments, des choses que tu vois dans l’espace, que tout à coup tu pointes du doigt en disant " C’est ça qui m’intéresse ! ". Pour nous définir, je pense que l’élaboration collective est importante pour nous, comme le mouvement en tant que point de départ du travail, comme le fait d’envisager le travail dans un espace particulier : regarder un espace, voir ce qu’il raconte architecturalement, historiquement, psychologiquement, physiquement…



C’est la première fois que vous mettez en scène le travail d’une autre compagnie ?

P. S. - Oui. Ce qui est intéressant, c’est qu’à la base il ne s’agit pas de mon idée. Bien sûr, plusieurs idées dans Plan B viennent de mad dog, mais au final c’est un mélange de nos convergences et de nos divergences. Ça me plaît beaucoup de découvrir cette façon de travailler. Ce n’est pas douloureux, au contraire, c’est plutôt plaisant de se trouver dans la situation de ne pas tout comprendre. Avec Aurélien, mon collaborateur principal sur Plan B, nous nous accordons sur beaucoup de points : l’espace, la simplicité, un langage corporel abstrait. Mon principal apport et mon plaisir c’est de transformer des postures de cirque en un tout cohérent qui soit une pièce de théâtre. Où est la frontière entre le théâtre et le cirque?



Avez-vous vu leur précédent spectacle, IJK ?

P. S. - Oui, en vidéo. Ce qui m’a tout de suite intéressé c’est la façon d’utiliser le décor, pas seulement comme une toile de fond mais en intégrant réellement les corps dans l’espace. Et en pensant le jonglage en tant qu’événement, pas pour montrer le talent du jongleur.



Comment Aurélien Bory vous a-t-il présenté le projet ?

P. S. - Il est arrivé à New York avec une maquette de la scénographie, m’a parlé de son idée, et m’a demandé si ça m’intéressait d’y collaborer. Il m’a parlé de ce plan incliné, Et il a évoqué la possibilité de projeter une vidéo à la fin du spectacle. Aussi simple que ça ! Nous en avons discuté, j’ai proposé quelques idées qu’évoquait pour moi la vision de corps en train de jongler, et peu à peu une logique est apparue, structurant toutes ces idées du début à la fin.



Comment travaillez-vous avec la compagnie ?

P. S. - Je commence par  poser une idée dans l’espace, puis je laisse chacun s’en emparer et y répondre à sa façon. D’une certaine façon je provoque les choses et les mets en branle. Certaines parties, par exemple le plan à 90°, ont été travaillées par la compagnie en mon absence., ce qui m’a permis dès mon retour d’organiser les choses très rapidement. Depuis la première fois que je suis venu ici, il y a un an, j’ai vu les pistes qu’ils suivaient, ce que je voyais c’était un mouvement, et sa conclusion, puis un autre mouvement, et sa conclusion… Mais comment un mouvement amène celui qui vient ? Je pense vraiment à cette pièce comme à une pièce musicale. De la musique visuelle, si l’on veut. C’est la façon la plus simple de communiquer avec n’importe quel spectateur. Mon rôle est de composer une sorte de partition avec toutes les scènes qu’ils jouent. Je sens quand ça ne leur parle pas, quand ils bloquent, je dois alors reprendre la scène d’une autre façon pour la faire revivre. Finalement, c’est un voyage que propose le spectacle, en partant d’une forme simple qui est progressivement développée et complexifiée pour aboutir à la séquence vidéo finale. Il me semble que IJK ne faisait pas un aussi long voyage… mais cela n’a été possible qu’avec la collaboration de chaque membre de la compagnie.



Pouvez-vous me parler un peu de ce "voyage" ?

P. S. - Le jonglage, ou l’acrobatie, ce sont de simples faits. Quand une balle est en l’air, elle ne pose aucune question : elle est en l’air, et c’est tout. Si tu l’attrapes, si tu la rates, ça ne pose aucune question. Certains faits engendrent de la tension, d’autres de l’amusement, d’autres du mystère, d’autres de la stupidité… Jouer de ça donne un sens à la pièce. Le dispositif lui-même est un simple fait : un plan, incliné selon différents angles. Mais la succession de ces inclinaisons donne déjà un sens et fait jaillir sur le plateau un motif évident : la gravité. La gravité elle-même est un pur fait que tout le monde connaît : si je saute en l’air, je retombe aussitôt. Mais sur un plan incliné à 30°, la gravité n’a plus les mêmes effets et participe alors d’une illusion. À partir de là, nous avons développé le motif thématique du plan au sens de projet : le projet, le plan, sont comme la gravité quelque chose qui nous traverse, nous donne une force et nous oriente dans une certaine direction. Durant tout le spectacle, ces motifs se font écho et se répondent. Mon rôle a été de regarder et de réfléchir à la façon de les adresser au public. Même si c’est le théâtre expérimental qui m’intéresse le plus, je suis convaincu que le théâtre doit rester un moyen de communiquer. Je pense qu’une œuvre doit être généreuse, dans le sens où elle doit autoriser le public à être actif, à participer. C’est aussi la raison pour laquelle je n’ai pas créé depuis longtemps dans un véritable théâtre : parfois ça se passe dans des galeries d’art, ou dans des squats d’artistes, ou même dans des usines désaffectées. Le fait que l’espace ne soit pas conçu pour recevoir un spectacle m’intéresse énormément, car cela pose des questions au public, une certaine instabilité qui rejaillit directement sur le spectacle lui-même. D’une certaine façon, jouer Plan B dans un théâtre est un autre challenge pour moi. Là, je ne peux pas jouer sur le côté décalé de l’espace, il faut donc trouver d’autres vecteurs d’instabilité pour éviter l’endormissement du public.



Comment envisagez-vous dans le spectacle l’éventualité de l’accident : une balle manquée, une figure ratée ?

P. S. - C’est une bonne question, en ce sens que je n’ai pour le moment aucune réponse. On verra ce qui arrive. Mon intuition est que si la pièce fonctionne bien, un tel accident n’aura rien de catastrophique. Mais je serai curieux de voir ça. Parce que pour moi, une pièce de théâtre doit être en permanence un accident à craindre. J’aime avoir la sensation que chaque seconde écoulée est une catastrophe qui n’a pas eu lieu.

dimanche 20 avril 2014

Relationship















"  « You and me » as an object does not exist, only the relationship exists"                                Nonaka



jeudi 3 avril 2014

Lumière

Il nous manque des mots.


Comment réaliser ce qu'on est incapable de nommer ?
Notre langue est parfois si pauvre dans certains domaines.

La poésie d'un lieu tient pour beaucoup, selon moi, à la qualité (c'est-à-dire aux caractéristiques) de sa lumière... Comment concevoir cette "ambiance" lumineuse, comment l'exprimer, comment l'expliquer, comment convaincre, comment la réaliser conformémement à l'idée que l'on s'en fait ?
Et bien entendu, quand j'évoque cette qualité de lumière, il ne s'agit pas de donner une valeur en lux, en lumens ou je ne sais quoi d'autre... Même les adjectifs sont peu nombreux pour la décrire cette lumière (forte, douce, crue, tamisée, aveuglante, chaude, froide, sont à peu près les seuls qui me viennent, là, comme ça,)
Quand je dis : ce mur fera 3m. de haut et sera en béton, tout le monde comprend, et visualise.
Mais si je veux expliquer quelle qualité de lumière j'imagine pour un lieu, c'est tout de suite plus hardu. 
Il me faut des références. Et un peu comme pour les odeurs, ces références sont très personnelles, donc pas nécessairement partageables...
Les peintres flamands savaient eux parler de lumière... J'avais 17 ans lorsque j'ai reproduit le tableau de Johannes Vermeer "La jeune fille à la perle". J'y ai passé du temps à observer toutes ses pointes de couleurs qui rendent cette lumière si particulière , ces pointes de couleur si improbables et qui pourtant font toute la qualité de ce tableau : jusqu'au vert et au noir dans les joues, jusqu'au blanc sur les lèvres, jusqu'au rouge dans les yeux... quelle subtilité !

L.

"J'ai gardé jusqu'à la fin de la nuit l'espoir d'une nouveauté de lumière; maintenant je n'y vois pas encore, mais j'espère; je sais de quel côté l'aube poindra." André Gide, Les nourritures terrestres.




mercredi 2 avril 2014

L'art d'Aimer

L'art d'Aimer
film de 2011, d'Emmanuel Mouret 

ça commence avec (un rêve, puis la réalité qui est semblable au rêve) d'Isabelle :

Zoé est prête à prêter son compagnon à une amie Isabelle qui n'a pas fait l'amour depuis un an, juste par générosité, comme on prête sa maison à des amis pour les vacances; et même à éprouver de la fierté vis-à-vis de son homme s'il accepte...

Quelques phrases glanées au milieu des dialogues du film :

" je ne serai pas à la hauteur de tes fantasmes "...  Amélie ( ou pourquoi ne pas concrétiser avec quelqu'un sur qui on a fantasmé, sous peine d'être déçu! )

" je vais te quitter mon amour...je t'aime mais je vais te quitter, je suis désolée...(...)
si un homme me regarde avec désir , je veux le satisfaire, je ne veux pas te tromper mais je ne peux plus lutter contre mon corps..." "se sentant libre de ses désirs, Emmanuelle put enfin regarder sans mauvaise conscience les hommes."
La liberté qu'il lui avait offerte ne faisait de raviver son attachement à Paul... ( ou comment exprimer mieux que moi le "Laisse-moi" )

" Dites moi de quoi vous avez envie là, maintenant, toute de suite, ne réfléchissez pas ! " la voisine d'Achille. ( ou comment provoquer la spontanéité et donc le plaisir )

"- Faisons l'amour comme si je n'avais rien dit...
- non, maintenant, c'est impossible, 
- pourquoi?
- parce que maintenant, je sais que tu es amoureux. "  (ou comment tout gâcher, une déclaration pesante empêchant toute spontanéité)

"Il y a des choses qu'il faut vivre pour les avoir vécu. Maintenant on peut passer à autre chose." (ou agissons plutôt que fantasmons )











mardi 1 avril 2014

Les chemins de traverse


Moi je marchais les yeux par terre
Toi t'avais toujours le nez en l'air
Et c'est comme ça qu'on s'est connu
On avait chacun sa guitare
On n'était pas loin d'une gare
C'est le hasard qui l'a voulu


Et tu m'as dis quand leurs ailes sont mortes
Les papillons vont où le vent les porte
On a pris le premier chemin venu


Et quand la nuit est tombée
Sur la voie ferrée
On était bien loin de la ville
On n'entendait que des notes
Et le bruit de nos bottes
Sous la pleine lune immobile


On a traversé les semaines
Comme de vrais fêtes foraines
Sans même penser au retour
On s'est perdu dans les nuages
Comme les oiseaux de passages
A suivre les filles d'un jour


Et pour ne pas que des fous nous renversent,
On prenait les chemins de traverse
Même s'ils ne sont jamais les plus courts


Et quand la nuit tombait
Sur la voie ferrée
On était bien loin de la ville
On n'entendait que des notes
Et le bruit de nos bottes
Sous la pleine lune immobile


Et quelques fois je me souviens
Ceux qui nous ont laché les chiens
Et jeté des pierres au visage
Ils n'ont rien empêché quand même
Puisque le seul métier qu'on aime
C'est la bohème et le voyage


Et quand la nuit va tomber
Sur la voie ferrée
On sera bien loin de la ville
On n'entendra que des notes
Et le bruit de nos bottes
Sous la pleine lune immobile


Et quand la nuit va tomber
Sur la voie ferrée
On sera bien loin de la ville
On n'entendra que des notes
Et le bruit de nos bottes
Sous la pleine lune immobile
Sous la pleine lune immobile.


Francis Cabrel


Brothers - photographie de Théo Gosselin